On nous a fait croire qu’on loupait quelque chose.
Précisément que l’on passait à côté de quelque chose en ce moment même.
Qu’il existait quelque part dans une lointaine contrée ou dans la maison d’à côté une réalité…
…plus enviable, plus grandiose, plus éblouissante !
Cette angoisse pénétrante et obsessionnelle si caractéristique de l’âme humaine est généralement connue sous le nom de FOMO.
Littéralement la peur de passer à côté de quelque chose.
J’ai mes raisons de croire que cette illusion qui nous ronge de l’intérieur, comme un parasite ou une saleté de ver impossible à déloger, est l’un des plus grands dangers de notre 21ème siècle.
Et il est grand temps de se révolter.
Crise de sens
Ces derniers mois j’ai été en proie à une angoisse existentielle intense qui ne m’a pas laissé indemne…
À la suite d’un séjour en Bretagne chez mes grand-parents, j’ai été frappé d’une grande confusion - tu sais, le genre d’angoisse qui arrive sans prévenir, et qui balaye d’un trait toutes les grandes idées et théories qui te servaient jusqu’alors de phares dans la nuit noire.
Pour la première fois depuis des années, tous mes repères se sont écroulés l’un après l’autre - ces remparts que je pensais si solides et sur lesquels j’avais bâti mon paradigme de vie n’étaient plus.
Mon champ des possibles s’est alors ouvert. Trop ouvert.
Incertain au possible, je me suis retrouvé devant un florilège de choix, ne sachant que faire de la suite de mon existence.
Devrais-je reprendre mes études ?
Et si je me mettais à écrire ?
Et l’entrepreneuriat alors ?
Je pourrais faire X,Y ou bien Z !
Mais comment choisir ?
Choisir c’est renoncer, et je ne voulais pas renoncer.
J’étais terrorisé à l’idée de me tromper de chemin (une fois de plus).
Un ver s’était installé dans mon corps. Ce parasite invisible ne me laissait aucun répit: il me poursuivait jusque dans mes nuits et me tenait éveillé de longues heures, chuchotant le doute, susurrant la peur…
J’étais littéralement paralysé, sans me rendre compte qu’en ce moment-même, à ne rien faire dans le coin de ma chambre, je passais déjà à côté de ma vie.
J’étais victime de l’illusion du siècle, le mirage du FOMO.
J’étais comme seul dans une mer déchaînée, lâché au beau milieu du monde, sans carte ni boussole, malmené par les vents du doute, avec pour ainsi dire pas l’ombre d’un cap, d’une terre en vue qui aurait pu m’apporter un début de réponse.
Puis le 17 août 2024, j’ai eu 22 ans.
Ah quel désarroi j’ai ressenti ce jour-là !
Ce n’était clairement pas le scénario que j’avais imaginé.
Il me semblait qu’à cet âge là, le fin mot de l’histoire serait dit ! Et depuis bien longtemps ! Qu’il me suffirait plus que de m’engager, tête baissée, sur mon chemin de vie. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Quelle naïveté me diras-tu !
J’avais cette douloureuse impression de rater ma vie…
Mais j’étais sous l’emprise de l’illusion.
L’illusion insensée
Dans ses Pensées, le philosophe Blaise Pascal écrit ceci:
Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours; ou nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt (…) Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.
Nous les êtes humains, avons cette fâcheuse tendance à vivre dans notre esprit.
Nous sommes des éternels insatisfaits, toujours prêts à troquer notre réalité contre des illusions ou des espoirs alléchants.
Pourtant cette réalité présente est notre seul bien. C’est notre trésor le plus précieux, notre souffle de vie que nous congédions lorsque nous nous montrons capricieux !
La peur de rater quelque chose est une peur primaire enfouie au fin fond de notre âme. Donc nous épions, nous espionnons et nous évaluons.
Les autres, qu’en disent-ils ?
Que font-ils ?
Eux ils savent…
Rien n’est plus faux.
D’un certain côté, nous avons tous une vie misérable.
Une vie pleine de souffrances, d’angoisses et de peurs.
Lâchés dans ce monde, nous nous débrouillons tous avec les moyens du bord, sans réellement connaître la réponse, le fin de mot de l’histoire. Nous avançons, parce qu’il le faut bien, et sur notre route, nous tâtonnons, trébuchons et nous nous relevons. Toujours à l’aveugle, toujours à l’instinct.
N’importe qui s’acharnant à te prouver le contraire cherche à polir son image. La faille, ils ne la montrent pas. Parce qu’ils ont peur.
Tu ne peux pas gagner contre le monde digital. Et tu ferais mieux de t’en éloigner vois-tu ? Parce que l’homme vexé…
L’homme vexé, finira frustré.
Il passera années après années en ressassant ce qu’il n’a pas tout en passant à côté de ce qu’il a, laissant sa vie lui filer entre les doigts s’attardant sur des regrets, fantasmant sur des « et si », idéalisant des façades, une vie remplie à se raconter des histoires sur des réalités illusoires n’existant que dans ses pensées…
Cet homme est atteint de cécité !
Accoudé à son trésor le plus précieux, sans le voir ni le deviner, l’envie finira par le ronger et la vie par l’emporter…
S’enfuir du monde
Pour calmer cette angoisse perpétuelle de l’être et ne pas finir comme cet homme frustré, j’ai une solution à te proposer - et pour être tout à fait honnête avec toi, je pense bien que c’est la seule.
Il faut t’enfuir du monde. Ni plus, ni moins.
Au cours de mes nombreuses ballades introspectives, j’ai fini par comprendre, intérioriser et accepter pleinement que la quête vers soi-même n’est ni plus ni moins que la quête d’une vie.
Connais-toi toi-même disait Socrate.
Mais comment mieux se comprendre si l’on passe ses journées à être distrait par des bruits et des images provenant d’ailleurs ? Ces artefacts nous brouillent l’esprit et nous rendent pareils à un aveugle...
Pendant de longues années j’ai agi comme si les réponses à toutes mes questions pouvaient provenir du monde extérieur.
Profondément apeuré et insécurisé, je me réfugiais compulsivement dans des idées qui n’étaient pas les miennes. Ces idées étaient pour mon âme errante un abri. Et moi, je cherchais refuge.
J’adoptais des points de vue, des visions et des destinées bon marché avec zèle et frénésie pour anesthésier mes doutes existentiels.
Je cherchais avidement les réponses à l’extérieur de moi, tiraillé par les doutes et les peurs qui me saisissaient durant mes périodes de solitude.
Alors je me suis égaré.
Petit à petit, je me suis perdu moi-même…
Je me gavais à outrance de conseils en tout genre dans le naïf espoir de gagner en clarté sur ma situation. Je voulais une recette, un mode d’emploi, une vidéo étape par étape pour réussir sa vie.
Comme si la clarté pouvait venir du monde.
La clarté provient de nos entrailles. C’est au plus profond de nos tripes que nous devons chercher le chemin. Et quelle tâche ardue mes amis ! C’est l’épreuve d’une vie et tout est à l’intérieur…
C’est viscéral.
Lorsque l’on coupe le bruit ambiant du monde et que l’on se retrouve seul dans un face à face avec soi même, les réponses commencent doucement à émerger d’elles-mêmes. C’en est presque magique !
C’est le monde qui te sépare de la clarté que tu recherches tant.
Nous sommes drogués au digital et c’est précisément cette addiction qui effiloche petit à petit le lien sacré que nous avons avec nous-mêmes.
En gardant les yeux rivés sur nos écrans lumineux, non seulement nous renforçons l’illusion mortifiante dont nous sommes tous victimes mais nous nous éloignons aussi de notre être, le laissant seul à l’abandon à la merci de tous.
Alors, ne te laisse pas désarmer.
La seule façon de rater ta vie c’est simplement de ne pas la vivre.
C’est détourner ton regard par dédain, mépriser ton existence avec condescendance et te laisser entrainer dans une course effrénée - une course sans fin effaçant l’instant pour des reflets incertains qui dansent au loin.
C’est te convaincre au fond de toi qu’il y a quelque part un oasis, une étoile scintillante ou un trésor mystérieux…
Toujours ailleurs, toujours mieux.
Je te remercie pour ton temps.
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On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle lettre.
Tom.
La méditation a également changé ma vie (j'ai conscience que ça a l'air un peu mélodramatique dit comme cela, mais ça ne l'est pas du tout).
Me poser, couper les distractions, sentir le vent, écouter les bruits comme si je les entendais pour la première fois et écouter ce qu'il y a à l'intérieur de moi., l'effet est prodigieux.
Je ne suis toujours pas débarrassée de toutes les pensées parasites que tu décris (et cela n'arrivera sans doute jamais) mais je me sens plus ancrée. Davantage moi-même.
Merci pour ton post!
Salut, tu as réussi à faire un choix uniquement par l’introspection/ pratiques de pleine conscience ?