Samedi 17 août 2024, Paris
« Ceux qui s’adonnent exclusivement à la gymnastique parviennent à une disposition d’une excessive brutalité, alors que ceux qui se consacrent uniquement à la musique et à la poésie deviennent plus mous que ce qui est bon pour eux. »
Platon, République, III, 410d
Voilà qui donne le ton.
Aujourd’hui je suis enchanté de t’écrire étant donné que je vais te parler d’un idéal de vie qui m’inspire au quotidien: l’homme de la renaissance.
L'homme de la Renaissance, souvent appelé polymathe ou homo universalis, est l'incarnation idéale de la quête de connaissance universelle qui caractérise la période de la Renaissance (14e-17e siècle).
Autrement dit, une véritable source d’inspiration pour toutes les âmes en quête d’élévation et de développement !
Léonard de Vinci est l'exemple le plus emblématique de cet archétype. Il était à la fois peintre, sculpteur, architecte, ingénieur, anatomiste, et bien plus encore (on disait notamment de lui qu’il était un habile cavalier et, avec une pointe d’exagération, qu’il avait la force physique suffisante pour plier un fer à cheval à mains nus)
Cette polyvalence, alliée à une quête incessante de savoir, fait de l'homme de la Renaissance une figure emblématique de l'histoire intellectuelle
Par le passé, j’ai déjà abordé cet archétype dans ma lettre intitulée Kalos Kagathos VS Homus Oeconomicus (tu peux retrouver toutes les anciennes lettres en me suivant directement sur substack).
Le propos de cette lettre est de te donner quelques pistes concrètes afin que tu puisses à ton tour, dans ton quotidien, mettre des actions en place pour te rapprocher un tant soit peu de cet homme fascinant symbolisant l’harmonie entre le corps, l’esprit et l’âme.
L’homme de la renaissance est un idéal à plusieurs facettes mais j’en distingue principalement 3:
Le penseur, l’athlète et l’artiste.
Dans cette lettre je vais revenir sur la manière de cultiver ces différentes perspectives en seulement 3 heures par jour.
Le penseur
Dans l’univers de l’entrepreneuriat et du business en ligne, on a souvent tendance (et moi le premier) à prêcher la création et l’action au détriment de la consommation et de la réflexion.
Et ça se comprend.
Nous avons tous tendance à nous complaire et à nous lover dans la consommation excessive de contenu, tant cette position est agréable et confortable en regard du quotidien sinueux et tumultueux du créateur.
Pourtant, il se pourrait qu’en omettant de se dégager du temps pour s’éduquer et nourrir sa pensée, nous passions à côté d’une composante non négligeable du potentiel humain.
De la même manière que notre corps, j’ose penser que notre esprit a besoin d’être nourri, stimulé, confronté et mis à l’épreuve pour qu’il puisse évoluer et en ressortir grandi.
Cette idée est bien trop souvent négligée par la plupart des influenceurs dev perso parce qu’elle ne fait ni cliquer, ni vendre. Somme toute, elle n’est pas aguicheuse.
Pourtant, c’est précisément cette dimension qui nous permet d’enrichir notre perspective, de construire notre pensée critique et de s’affranchir de toute idéologie bancale ou de tout marionnettiste autocentré davantage intéressé par les fruits que donneront ses germes idéologiques que par l’individu dans lequel il les a plantés.
L’esprit est sans aucun doute le plus grand des remparts que l’on puisse construire pour appréhender le monde qui nous entoure.
Deuxième point et non des moindres, la création ne peut provenir du néant. N’importe quel auteur, artiste, créateur ou entrepreneur s’inspire continuellement des figures de proue de son domaine ainsi que de ses contemporains.
Nous ne sommes pas des puits de sagesse infaillibles par essence.
Il n’existe pas de grand penseur ou d’écrivain exceptionnel n’ayant point passé des milliers d’heures à étudier et à s’inspirer des idées et des intuitions de leurs prédécesseurs. Et pourquoi s’en seraient-ils priver ?
Consommer du contenu de qualité (que ce soit un livre, un essai, une vidéo ou une conférence) te permet d’affiner tes intuitions, de gagner en sagacité et en vivacité d’esprit, de faire évoluer ta pensée, et, in fine, de grandir.
Nous devons nous montrer assez humbles pour nous considérer comme des éternels étudiants de la vie. Peu importe notre âge, notre situation ou notre savoir durement acquis, ce qui reste certain (comme disait Socrate) c’est que nous ne savons rien.
Dédie une heure de ta journée à une activité intellectuelle
L’athlète
« Après la musique et la poésie, c’est par la gymnastique qu’il faut former les jeunes gens. (…) Il faut donc que dès l’enfance, et tout au cours de leur vie, ils soient formés rigoureusement dans cet art. »
Platon, République, 403c
Au 21ème siècle, nous avons cette fâcheuse tendance à difficilement nous représenter un individu possédant à la fois de grandes facultés intellectuelles ainsi qu’une excellente condition physique.
De prime abord, nous sommes tous enclins à sous-estimer l’intellect d’un athlète de haut niveau ainsi que les qualités physiques d’un philosophe ou de n’importe quel écrivain.
Pourtant, l’histoire nous a prouvé à maintes reprises que cette dichotomie de l’athlète et du penseur n’était pas toujours une fatalité: certaines figures emblématiques ont réussi avec brio à nous prouver le contraire.
Platon, outre son grandiose héritage philosophique, était très connu dans toute la Grèce antique pour être un lutteur hors pair. Il aurait même, parait-il, participé à des épreuves de pancrace (une sorte de lutte très violente qui autorise tous les coups, sauf les morsures et l’arrachage des yeux) lors des jeux.
Plus récemment nous avons Théodore Roosevelt, 26e président des États-Unis (1901-1909), qui illustre parfaitement cet idéal de l’homme de la renaissance 2.0. De constitution fragile, il décida dès son enfance de pratiquer sérieusement la boxe, l’aviron ainsi que la natation afin de sculpter son corps.
Non seulement ces hommes étaient dotés d’un grand esprit, mais ils pouvaient également courir, lutter, lancer, soulever, sauter !
Je suis intimement persuadé que notre corps et notre esprit sont liés de manière immuable.
Lorsque je me sens paralysé par toutes les tâches que j’ai à faire, que je manque cruellement de clarté ou de lucidité, que je me sens terriblement anxieux ou stressé, il me suffit simplement de travailler mon corps pour apaiser ce flux incessant de pensées.
À la fin de chaque séance, mon esprit est plus reposé, plus précis, comme si l’activité physique en elle-même entrainait une sorte de “purification” de nos songes.
Ton corps n’est ni plus ni moins que ton véhicule de vie, la façade de ton esprit, l’enveloppe de ton âme. En prendre soin constitue un devoir moral à part entière.
Et ce qui est extraordinaire c’est que tu peux faire n’importe quoi.
De l’athlétisme à la lutte en passant par la gymnastique, toutes les activités physiques peuvent convenir (ça peut même être simplement de la marche). Ne te limite pas simplement à de la musculation classique bête et méchante si ton coeur ne bat pas pour ça ! Ose explorer et découvrir ce dont ton corps est capable.
Dédie une heure de ta journée à une activité physique
L’artiste
Lorsque j’y réfléchis de plus près, je me rends compte que par défaut, nous sommes plus prompts à la consommation qu’à la création.
Il est bien plus commode de lire un livre que d’écrire un article.
Mais en omettant de dédier une partie de notre journée à la création artistique, nous passons, selon moi, à côté de plusieurs choses:
nous rendons la consommation inutile car elle n’engendre rien
nous renonçons à transmettre une part de nous au monde
nous passons à côté de la fierté et de la joie qui caractérisent si bien la poursuite artistique
nous enfermons dans un carcan notre souffle de vie qui nous est propre
La création artistique ne doit pas être vu comme une activité excentrique seulement réservée à des originaux ou à des illuminés; elle peut peut prendre des formes bien différentes !
Tu peux peindre, jouer d’un instrument, écrire des articles, monter une vidéo pour ta chaîne YouTube, faire une activité artisanale, cuisiner, jardiner…
Les possibilités sont infinies.
En créant, tu t’octroies la possibilité de transmettre une infime partie de toi au monde, de t’exprimer d’une manière qui t’est propre et peut-être bien d’éblouir une partie de tes contemporains (si petite soit-elle) avec ta lumière intérieure.
En prenant part à cette grande danse créative, l’artiste prend ce risque audacieux de montrer qui il est à l’humanité tout entière. Il projette ses pensées, ses idées, ses émotions, sa vitalité et son être au travers de ses créations artistiques.
Lorsque j’ai moi-même publié sur YouTube certaines de mes vidéos, j’ai ressenti une joie intense que je qualifierais même d’extatique. Que peut-il y avoir de mieux que de partager un fragment de soi au monde ?
Mais je ne vais pas te mentir, il va falloir t’accrocher.
Créer quelque chose c’est comme apprendre une langue qui échappe à toute grammaire préconçue, à toute règle universellement admise ou à toute vérité scientifique. Il n’y a ni mode d’emploi, ni théorème, ni propriété.
Il te faudra passer avec panache, au dessus des insatisfactions permanentes de l’artiste et de sa frustration inhérente à sa condition; l’impossibilité même de communiquer avec exactitude le fond de son sentiment:
(…)dans toute idée de génie, dans toute pensée neuve ou même simplement sérieuse qui naît en un cerveau humain, il y a toujours un reliquat qu’il est impossible de communiquer aux autres, quand bien même on y consacrerait des volumes entiers(…)
Dostoïevski, L’idiot
Mais je te le promet, ça vaut la peine d’essayer.
L’absence de création équivaut à une absence d’expression et en quelque sorte à un suicide de l’esprit. Reclus sur lui-même, ton être se meurt.
Nous sommes faits pour créer.
Alors peu importe l’activité que tu choisiras et aussi maladroites que seront tes premières tentatives, ose créer à ta manière, car chaque pas, même hésitant, te rapprochera un peu plus de cette harmonie que tu recherches tant.
Dédie une heure de ta journée à une activité créative
Tu l’as compris: afin de poursuivre, toi aussi, cet idéal de vie, tu n’as seulement besoin que de 3 heures par jour.
Ni plus ni moins.
1h de lecture, 1h de sport, 1h de création.
Merci d’avoir pris le temps de lire cette lettre.
Si elle t’a plu, n’hésite pas à la partager (ça m’aide énormément).
Je reparlerais de ce sujet très bientôt sur ma chaîne,
D’ici là prends soin de toi.
Tom
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